8 - B R I B E S

 

De mis solitudes vengo
A mis solitudes voy
Porque para andar conmigo
Me bastan mis pensiamientos

Lope de Vega

 

 

A la fin de sa vie, ma mère fuyait les relations humaines. Il lui restait les plantes qu’elle nettoyait, qu’elle soignait, qu’elle arrachait…

Le déplacement freudien substitue une expression imagée à l'interdit : " Ca lui en bouche un coin ", " Il ne voit pas plus loin que le bout de son nez ".

La Bible, les récits historiques, les romans, les légendes, etc.. constituent notre mythologie. Nos rêves, nos héros, nos craintes ancestrales s’y retrouvent.

Désirs, demi-chutes, actes déhanchés.

" Je vous écris d’un pays lointain " (H.Michaux) où l’homme a réussi l’exploration de son être total. Notre conscience de ce qui devrait être est si aiguë que nous ne pouvons pas nous arrêter dans l’élaboration de notre objectif fantasmatique. Il en résulte une occupation injustifiée, un mouvement repris sans cesse, un labeur exténuant. Ainsi, jour et nuit, les ateliers s’affairent ; le bourdonnement de nos activités couvrira bientôt nos voix et des éléments incontôlés risquent de prendre le pouvoir. Comment retrouver la paix ?

Jaillissant de l’ombre, la parole s’empare de la feuille, la noircit, l’éclaire.

L’intuition avertit les femmes que les hommes nerveux ne peuvent pas les satisfaire pleinement. Elles les évitent.

Jules Renard dit les choses crûment et c’est ironique ou tragique.

L’humour est une forme de sagesse. C’est la consolation des vaincus.

J’ai étudié la sagesse comme un astronome, les astres.

Lorsque la perfection est atteinte, le plaisir de l’interprétation disparaît. Aussi les Romantiques ont-ils préféré les œuvres inachevées.

Quand on interroge le sens profond, oublié, des mots, on y découvre ce que l’inconscient collectif y a déposé. " Râleur ", celui pour qui la vie n’a été qu’une longue agonie.

Il m’est arrivé de rester surpris, étonné, admiratif à la lecture d’un texte …dont j’étais l’auteur et que j’avais oublié tout à fait. Il avait été écrit sous l’effet d’un antidépresseur.

Cioran m’a permis de comprendre pourquoi ceux qui vont se suicider entraînent parfois leurs proches dans la mort. Persuadés que la vie, l’avenir, le devenir, etc…sont plus douloureux que le non-être, ils n’auront pas à se demander " Que deviendront-ils après moi ? "

En amour, distinguer – EROS et AGAPE – c’est confondre.

Quand un être cher disparaît, c’est un peu de soi-même que l’on perd.

Sur la plage , les ères géologiques ont déposé leur mémoire pétrifiée.

Un fabuleux destin ayant privé l’homme de la parfaite innocence naturelle, il a dû, pour survivre, s’inventer la culture.

Pour l’introverti que je suis, la mort, c’est la fin de tout. La disparition de l’univers que je porte en moi.

Les mots ont une musique pour ceux qui n’entendent pas celle de Mozart.

La vie ne vaut la peine d’être vécue que si elle est pensée.

Les manifestations violentes de l’affectivité – peur, colère, etc. -   pouvaient entraîner des comportements efficaces à une époque où l’action n’était pas encore guidée par la raison.

En décembre ’88, dans un service de soins intensifs, je ne me sentais pas si mal, malgré ma faiblesse physique , parce que j’y étais à ma place !

L’oisiveté est le ferment de la vie intérieure.

Il n’y aurait pas beaucoup de dirigeants sans un peu de perversité.

Les loteries et jeux de hasard prospèrent en proportion de ceux qui n’ont pas ce qu’ils souhaitent .

C’est un grand plaisir pour moi de voir mon chien courir dans la campagne, tomber en arrêt, rabattre le gibier, rentrer joyeux d’une longue promenade. Cela ne m’empêchera pas, à l’occasion, d’en regarder d’autres jouer, et de leur faire une caresse. C’est que j’ai, comme tout le monde, la faculté d’aimer plus d’un être à la fois.

La nature ignore le bien et le mal. Il n’y a pas de justice naturelle.

C’est en criant qu’on a le moins de chances de s’entendre.

En train, le temps ne compte plus. Libéré de toute obligation, on peut rêver, causer, lire, etc…

Les rêves sont tellement subtils que le réveil les dissipe le plus souvent. Il faut y être particulièrement attentif, éviter de faire le moindre mouvement, pour retrouver la trace de ce qui semble avoir eu quelquefois, dans le sommeil, des dimensions cosmiques.

" Cet enfant ne se plaît ni à l’ombre ni au soleil " disaient souvent mes parents à mon sujet. Je suis devenu particulièrement frileux et photosensible. On peut difficilement rêver plus bel exemple de somatisation !

Pure connotation, la poésie. Discours dénoté, la prose.

Quand l’humanité sera-t-elle assez policée pour n’avoir plus besoin de police ?

Mon grand- père maternel jouait du cor dans la fanfare du village. Ma mère m’a légué ce qu’il y avait de meilleur en elle : son goût pour la musique.

Pour devenir un homme, faut-il avoir reçu d’une fille ce que la coutume lui prête de plus précieux : sa virginité ?

Pour avoir râlé toute ma vie, ma fin en sera-t-elle plus brève ?

Javeh ne séduit pas le peuple d’Israël qui lui a souvent préféré des idoles…

Maintenant que j’ai l’occasion d’observer beaucoup d’adolescents hors de l’école, je me sens conforté dans l’idée que l’éducation se fait par l’exemple.

Comme la révolution française, la révolution russe de 1917 n’a fait que renverser l’ancien régime. Isolé du monde, le pouvoir nouveau n’a pas eu la force de se maintenir en place autrement que par la terreur bolchévique.

 

                                                       

                                                                                                    *

 

 

L’idéal socialiste n’est autre que  liberté, équité, fraternité…

Lorsque chaque citoyen se sentira responsable du destin collectif, le socialisme ne sera plus une utopie.

Rien n’interdit d’espérer qu’une mutation culturelle ou sociale fasse de la liberté responsable l'aspiration de ceux qui nous suivront.

                                                       

                                                                                                 *

 

 

Autrefois, l’homme pétri de bons principes avait d’abord été une bonne pâte, pétrie, malaxée, durcie à coup de poings, roulée en tous sens avant de passer au four pour une ultime purification. Le pétrin était le lieu des épreuves de l’éducation.

Dans mon enfance, à propos d’un résistant, j’entendais parfois dire à ma mère " Il est dans le pétrin " ou " Il est sorti du pétrin ". Par un glissement de sens compréhensible , c’était une situation difficile d’où il valait mieux s’échapper au plus vite.

On peut s’échapper en fuyant et même se sauver. Il n’est pas  nécessaire de combattre tous les dangers.

 

 

                                                                                                *

 

 

Il n’y a pas de liberté sans contraintes. Ni pour l’écrivain, ni pour le citoyen.

Enfermé dans ma cage thoracique avec moins d’espoir qu’un condamné aux oubliettes, les importuns m’ennuient.

Etre adulte, c’est savoir ce que l’on veut. Banalité que je découvre un peu tard.

Œil qui louche n’attrape pas mouche .

Le conflit des générations est d’abord un conflit intérieur, une querelle entre le moi et le surmoi. Pour avoir des convictions personnelles, compatibles avec son temps, il faut abandonner une part de sa propre conscience. Déchirement intime.

Les religions, les philosophies, les superstitions, les pratiques magiciennes donnent ou recherchent un sens à l’univers. S’il peut être déchiffré, c’est qu’il existe.

Si la vie et l’évolution sont une conséquence des adaptations successives destinées à éviter une souffrance insupportable, comment imaginer une mort sereine ?

Enfoiré, péteux, je suis toujours pressé.

Quand j’avais mal agi, ma mère me disait parfois " Qu’est-ce que tu as encore fait ? Qu’est-ce que cela veut dire ? " Je n’imaginais pas, et elle non plus, que ça – das es – pût dire quelque chose.

Ne sont-ils pas un peu trop "gays" pour l'être vraiment ?

Faut-il que le conflit oedipien soit rarement résolu pour que les adultes offrent tant de résistance à se laisser pénétrer des idées nouvelles ! Se laisser convaincre, c’est se laisser vaincre. A l’opposé, le naïf croit tout ce qu’on lui dit. D’avance, il est vaincu, convaincu .

Qui fait l’amour prépare la guerre.

Le bougon, c’est le contraire du bon goût !

La certitude est la mieux partagée des illusions.

J’ai l’âge de l’univers. La lumière noire de la lucidité me guide.

Comment peut-on considérer le travail comme un droit ? C’est contredire l’idéal mythique de l’Eden ou de l’Age d’or.

Faux jeton, je l’ai toujours été. Depuis mon accident coronarien, mes artères sont pipées au point que j’ai l’air en pleine forme !

Il n’est pas d’autre itinéraire qu’intérieur.

Heureux les innocents. Ils ne désirent pas ce qu’ils ne peuvent obtenir.

Seul sujet qui m’intéresse, je suis un mauvais sujet.

Ce que j’ai vécu est déterminé au point de m’ôter le désir de modifier ce que ma vie intérieure peut avoir d’extravagant. Tout s’enchaîne et tout m’enchaîne.

Je suis retourné à Coxyde par l’ancienne route de Furnes et le village afin de revoir  la perspective de l’Avenue de la Mer parfaitement rectiligne . C’est de là que j’avais cru voir la mer pour la première fois, de l’autocar qui nous conduisait en vacances avant la guerre. Après avoir traversé le cordon des dunes déjà très lumineuses, la route semblait conduire à une source de lumière encore plus étonnante. C’était cela, la mer ? Le chauffeur s’en est rapidement détourné. J’ai compris plus tard qu’on ne pouvait pas voir la mer de si loin. C’était la luminosité si particulière du littoral qui avait retenu mon attention. Au point qu’elle reste le souvenir le plus prégnant de mes premières vacances à la mer.

Je choisis un stylo dans une papeterie. Comme il n’y a pas ce qui me conviendrait exactement, le vendeur me dit " Si la plume vous paraît un peu trop fine, vous verrez, elle est souple. Elle va s’adapter rapidement à votre écriture ." Et, comme d’habitude, c’est moi qui m’adapte à la plume !

Comme j’ai très rarement le désir de relire une œuvre qui m’avait passionné autrefois, je crains de n’avoir jamais rien lu à la manière de Flaubert.

J’admire les peintres, je goûte peu leurs œuvres.

L’humanité changera ou disparaîtra.

Vivons détachés, c’est plus propre.

Dans une démocratie telle que la nôtre, les représentants du peuple représentent bien leurs électeurs. Intéressés par des promesses ou des bénéfices immédiats, les citoyens élisent ceux qui leur paraissent capables de les satisfaire. Notre état démocratique est la somme des intérêts particuliers.

Peut-on espérer qu’une mutation permette jamais à chaque citoyen de comprendre que l’Etat, c’est lui, au point qu’il renonce aux bénéfices immédiats du système pour choisir l’intérêt général ? D’autant plus que ce dernier n’est pas évident .

La Croix des Muets, près de Dour, rappelle que deux muets se sont entre-tués à cet endroit , chacun croyant que l’autre se moquait de lui. " La parole est source de malentendus ",disait Saint-Exupéry...  

Tout homme porte en soi le mal que commettent les pires criminels. C’est ce qui rend possible les guerres et les atrocités qu’elles entraînent.

Tout le monde, il est bon ; tout le monde, il est méchant.

Il faut mettre un peu de bouddhisme dans son vin.

" La fin des dinosaures ", Essai sur l’évolution des sociétés humaines…

Epitaphe pour un suicidé : " Tout se vaut ".

Moins on a vécu, plus on tient à la vie. Ou plus exactement: "Je tiens d'autant plus à la vie que j'ai peu vécu."

Les parents qui ne s’aiment pas rendent leurs enfants incapables d’aimer.

" L’homme ne peut voir Dieu et vivre ". La connaissance absolue lui est inaccessible. L’incertitude aiguillonne la pensée. Le doute stimule la réflexion.

 

Ce que dit " Le Sacre du Printemps " :

Le peintre invente les formes et les couleurs du temps. La perfection du geste proclame la victoire de la culture sur la nature. Le corps du danseur échappe à la pesanteur.

Au même titre que les monuments religieux, la danse est l’expression du sacré. Sur la scène, sur la piste d’un cirque, les danseurs de Béjart projettent les inquiétudes et les triomphes de leur époque. Tantôt monstres diaboliques surgis d’une mythologie moderne, tantôt Surhommes transportant d’allégresse la nouvelle Eve, ils incarnent l’humanité enracinée dans sa nature animale d’où elle émerge depuis des millions d’années, à la recherche de la Vérité, de la Justice, de la Liberté, de la Fraternité.

 

Si un grain de sable pouvait penser, il se croirait à l’image de Dieu.

Qui saurait imiter la passion de Jean Cassou, mis au secret à la prison de Toulouse, seul, démuni de tout, écrivant des sonnets dans sa mémoire,  pour vivre?

Quand j’ai compris à quel point les sentences et maximes de La Rochefoucauld étaient simples, je me suis mis à conserver les miennes !

L’introverti s’interroge volontiers sur ses origines et sur ses fins. A égale distance des deux infinis, la perception de son existence le conduit à penser sa destinée à la mesure de tout ce qui est.

Il en est peu qui comprennent la valeur éthique du vote. L’abstention, c’est le refus de la démocratie, le choix du pouvoir absolu, de l’état policier.

Au cours de l’évolution, l’intelligence a conduit les hominidés à la domination de la planète. Elle les conduit maintenant à sa destruction.

Mieux on connaît la musique, mieux on l’apprécie. A l’inverse des êtres humains.

Tous les fous sont dans la nature.

Les Français n’éprouvent que mépris pour ce qui ne casse rien. C’est frappant.

La volonté de puissance qui rend les hommes envieux et jaloux rendra-t-elle jamais possible le partage des richesses dans un monde équitable ?

Quand un enfant veut dépasser son père, il perd les pédales…( Le mythe d’Icare)

Depuis que les premiers hominidés se sont éloignés de l’état naturel, régi par des lois biologiques, l’évolution les a rendus plus précaires. La station debout qui a permis l’usage de l’outil n’a cessé d’affaiblir cet animal déjà faible au point de le rendre incapable de savoir ce qu’il fait, de contrôler ce qu’il invente et peut-être d’éviter un jour sa propre destruction.

Dans les temps mythiques, les hommes vivaient en paix. L’orgueil, la vanité, la convoitise ne les travaillaient pas. Ceci confirme ce que nous apprennent les historiens que la corruption, la fraude, la violence et autres vices troublaient déjà la conscience des hommes aux époques les plus anciennes.

Les gens normaux sont tout à fait exceptionnels.

Tout m’est travail et tout m’est loisir.

A qui tu n’oses pas refuser, ne donne rien.

N’ayant pas accepté de vieillir, les vieux beaux ne sauraient être de beaux vieux..

Les œuvres inachevées ouvrent le champ de la réflexion. Retrouver la syntaxe dans un enchevêtrement de mots, c’est un art d’écrire qui revient au lecteur.

Quand le petit de l’homme naît, il doit pleurer. S’il souffre, c’est qu’il vit. Et chacun de se réjouir…

Pour qu’une idée germe, il faut l’avoir en tête depuis longtemps.

Ne m’étant pas construit une demeure pour habiter, je ne saurais cultiver mon jardin.

Même inconsciente, la créativité procure à l’homme sa raison de vivre.

En est-il beaucoup pour appeler bonheur ce qui leur manque?

Notre chatte possède une science parfaite de la thermométrie. Elle sait à tout moment quel est l’endroit de la maison où il fait le plus chaud. C’est là qu’elle se trouve.

Nous sommes tous des égoïstes. Quelques-uns le sont plus que d’autres.

Ceux qui ne supportent pas d’entendre la vérité, on ne la leur dit pas.

Quelles que soient les dimensions de l’œuvre, l’essentiel est d’y avoir consacré le meilleur de soi-même.

 

 

Fraîcheur matinale de l’été. !

 

 

 

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