Les années quarante 

et peu avant

 

 

Pendant l’été, j’allais de temps en temps pour quelques jours à Wasmuël, chez mes grands-parents maternels. J'étais sûrement plus déluré chez eux que chez mes parents. Je portais des vêtements plus légers, mieux appropriés à la saison.  J'avais une autre manière de vivre. Les animaux de la ferme m'étaient devenus familiers. Derrière la maison de ma grand-mère s'étendaient d'anciens marécages où l'on jouait à se faire peur.

Ma mère faisait plus confiance à sa famille qu'à celle de mon père. J'étais mieux "encadré" à Wasmuël. Pour la régularité des repas, ma grand-mère y veillait. Pour la nuit, ma marraine était attentive aux préparatifs du coucher - ablutions, propreté du corps et des vêtements de nuit. Un soir, elle m'a trouvé des poux. Elle en cherchait à tout le monde.

C'est chez ma tante Jeanne que j'allais le plus volontiers. Je m'y sentais plus libre, plus tranquille. Et mon cousin se chargeait souvent de me distraire. Il me faisait visiter la ferme d'Adèle et les environs.

La crémerie donnait sur la Grand-Place. Pour arriver sans perdre de temps dans la cour de la ferme, près de la porcherie, mon cousin entrait par la grande porte métallique qui s'ouvrait dans la rue Neuve, juste en face de chez lui.

 

 

   

 

Il n'y avait pas d'aussi grosses fermes à Wasmes. Près de chez mes parents, charbonnages, fabrique de chaussure, manufacture de chicorée, artisans et commerçants supplantaient les fermiers. Wasmuël, c'était déjà le Plat Pays, celui des "Manous", au nord de la Haine. J'y passais volontiers quelques jours de vacances

 

                                            

                                   

                       

 

 

L'enfant rustaud, mal coiffé, dont on devine le squelette lourd sous une musculature généreuse n'est autre que moi. Je peux avoir sept à huit ans. J'ai le sourire naïf de mes ancêtres paternels, de gros bas de laine et des bottines rustiques, en cuir lourd, épais. La solidité - de l'habit comme de l'homme - était une qualité primordiale dans le village borin où ma famille paternelle vivait depuis des temps immémoriaux.

Dans le fond, la maison n'est pas un décor ! C'est la face cachée des rues du Borinage. On y construit des annexes hétéroclites qui procurent de l'espace.

De la cour où elle croit qu'on ne la voit pas, ma tante veille discrètement au bon déroulement des opérations.

 

 

                      

 

Mon cousin dans le marais. Le chemin bordé de peupliers conduit à Saint-Ghislain. La voie ferrée qu'on appelle aujourd'hui "la dorsale wallonne" -Tournai-Liège - passe à une centaine de mètres de là. Elle a été construite au début du siècle. Les marécages entre Wasmuël et la Haine étaient donc asséchés depuis longtemps lorsque la photo a été prise. Le "marais" de Wasmuël, c'est le résultat, le fruit imprévu des grands travaux de communication modernes. Le quartier qu'on y a construit depuis a complètement défiguré un coin de campagne paisible où il faisait bon s'attarder jusqu'au soir.

Adolescent rêveur, mon cousin, incline légèrement la tête. Il porte des culottes golf, comme c'était la mode à l'époque. Elancé comme un peuplier, il s'inscrit parfaitement dans le paysage.

 

 

 

Aucune photo depuis l'invasion jusqu'à la libération. C'est l'occultation. Pendant la guerre, les dépenses étaient réduites au "strict nécessaire". La photographie, un loisir coûteux, était-elle autorisée ?

Les kodaks rudimentaires, sans mise au point, avaient permis à ceux qui n'étaient pas initiés de conserver le souvenir des fêtes, des vacances, des jours heureux. Il n'y avait pas dans ma famille de photographe amateur suffisamment éclairé pour saisir à la sauvette ce qu'était l'occupation allemande: magasins, mode, vêtements d'hiver, véhicules au gaz, etc.. Il devait être interdit de se montrer trop curieux.

De toute façon, la résistance, face cachée de la guerre, et l'état d'esprit de la population étaient insaisissables. Quelques documents retrouvés après la guerre ont ravivé des souvenirs forcément subjectifs.

 

Les années de guerre

   

Le 9 mai 1940, mes parents avaient acheté la petite moitié d'une maison bourgeoise qu'ils s'étaient partagée avec un imprimeur. Ce dernier occupait la plus grande partie du corps du logis ainsi qu'un vaste hangar où étaient installés linotype, presse et autres engins.  

 

 

 

La rue de Pâturages vue de la place du Quesnoy où nous sommes allés habiter en 1940. La maison de mes parents se situait un peu plus haut, sur la droite. Dans le fond, le monument aux morts se perd dans les nuages.

 

                                       

                                

 

Vacances d'été 1943. Je suis en compagnie d'Yvon Carlier, comme souvent pendant l'été. La figure allongée, l'air sérieux, je joue à la guerre. Insouciant, Yvon sourit. Son vrai bonheur, c'est de vivre sans effort et de faire partager sa fainéantise. Le jeu lui permet d'exercer son ascendant naturel sur des camarades plus jeunes.

De telles dispositions d'esprit n'étaient favorables ni aux études, ni au travail. Lors de sa mort accidentelle, en 1955, Yvon occupait cependant une position enviable. Il était devenu directeur d'un cinéma de Mons grâce aux faveurs du propriétaire dont il était l'amant !

 

                                  

                         

         

       Septembre '44.    

       La vraie guerre semblait finie.

 

                            

 

Nos libérateurs n'ont jamais fait que de brèves apparitions dans notre commune éloignée des grandes voies de communication.

 

 

Peu après la fin de la guerre, ma mère avait dû cesser de travailler. Mon père n'étant pas rentré de captivité, elle devait faire face à trop de difficultés. Les résistants et prisonniers politiques qui ont survécu à la tourmente vont l'aider. Durant les mois d'été, de 1946 à 1948, elle sera infirmière à la colonie de vacances des mutualités socialistes, au Lys Rouge, à Coxyde, avant qu'elle ne reprenne de nouvelles activités professionnelles. C'est encore du littoral de la mer du Nord que je conserve les meilleurs souvenirs de cette époque.

 

       

 

Les meilleurs photos réalisées depuis la fin de la guerre avec un vieux Zeiss à soufflet provenant d'Allemagne occupée, rassemblées dans un album rarement ouvert durant ma vie active, me procurent à l'heure actuelle des émotions et des joies bien différentes des plus anciennes, celles qui m'ont permis de feuilleter les pages d'une histoire familiale obscure et de mieux connaître des personnages qui, autrement, auraient tout à fait disparu de ma mémoire.

Jeu captivant qui était, avec la lecture et le cinéma, l'une de mes distractions favorites, la photographie fournit à mes années de retraite et d'invalidité l'occasion de me livrer à l'écriture, la seule passion capable de me donner l'illusion de vivre.

Malgré la banalité des sujets et la médiocrité de la technique, les photos de format 6 x 9 - le plus courant à l'époque - ravivent le souvenir des lieux et des moments où elles ont été prises. Quand je revois, réunies dans un album, celles que je considérais comme les meilleures, l'anxiété permanente dans laquelle je vis depuis la disparition de mon père fait place à la nostalgie des années d'enfance et d'adolescence.

Fixées sur la pellicule il y a près de cinquante ans, des images m'interdisent d'oublier que, dans la grisaille de l'après guerre, malgré le sentiment de culpabilité qui réprimait les mouvements les plus spontanés de l'adolescence, il m'est arrivé de ne pas porter le deuil de mon père.

En choisissant celles qui me paraissaient dignes de figurer dans un album, j'ai accompli la démarche la plus élémentaire de l'art du photographe.

 

           

 

Pourquoi aurais-je photographié les cheminées et les châssis à molettes qui hérissaient mon Borinage natal? Le beffroi de Mons était tellement plus majestueux !  Comme mon cousin, qui était mon guide ce jour-là, je ne pouvais qu'admirer le gigantisme d'une tour qui n'avait jamais servi qu'à manifester la richesse et la puissance de la ville .

 

 

 

La perspective inattendue de la ville vue de la tour de guet, au sommet de l'édifice, plus haut que le bulbe d'ardoises où était aménagée la salle des cartes, permet de comprendre, malgré un cadrage laissé au hasard, que Mons est une ville ancienne, aux rues étroites, dont on n'aperçoit que les toits pointus très serrés et au loin quelques façades en pierre de taille.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Que suis-je allé faire à Mons avec ma mère peu après la guerre ? L'élégance n'était pas ma préoccupation première. Qu'importe la chemise, pourvu qu'on ait la cravate !

Sur le trottoir où nous sommes photographiés, il y avait un armurier. Sa vitrine m'attirait au point que j'obligeais ma mère à s'arrêter chaque fois que nous passions en face.

Plus bas, dans la rue des Capucins, c'était le marchand de jouets où elle m'achetait parfois des soldats de plomb. Les trains électriques étaient réservés aux petits riches.

Un peu plus loin, nous faisions souvent une halte à la pâtisserie Saey. Dans le fond du salon, il y avait une véritable galerie des glaces. On pouvait y déguster du café, des gâteaux et des crèmes glacées en regardant son image reflétée à l'infini dans les grands miroirs parallèles.

 

             

       

       

 

Un austère dîner de communion. Deux cierges de lumière funèbre encadrent une tenture trop étroite qu'on a tirée pour éviter le contre-jour. Assis entre ma tante Irma et mon cousin Jean, je jette un coup d'oeil ahuri sur le photographe qui doit être M. Bruniau - mon ancien instituteur de troisième qui avait pris le maquis en '43. Sa femme et sa belle-mère sont assises à gauche de ma mère. Au fond, ma grand-mère maternelle assiste au repas. Auprès d'elle, sa fille aînée, ma tante Jeanne, à côté de son mari. La présence de ce dernier est insolite: il allait abandonner sa famille peu après. A l'avant-plan, à droite, ma marraine occupe une place peu honorable au coin de la table.

L'absence de ma grand-mère paternelle montre bien qu'elle souhaitait porter le deuil de son fils. Ma mère et sa famille n'ont rien fait pour la persuader que la communion n'était pas une fête et qu'elle serait bien accueillie chez nous.

Les invités ne sont pas placés selon l'usage. Comment respecter les traditions en l'absence de mon père et de ma grand-mère paternelle ? Les Bruniau sont invités parce qu'ils soutiennent ma mère dans ses épreuves. Les codes de la vie en société ne sont pas respectés ? Un seul repère : je suis au beau milieu de la table, en face de ma mère!

 

 

         

Mélanie, la vieille bonne, et ma mère sur le seuil de la " loggia". Mes parents appelaient ainsi l'appendice architectural qu'il avait fallu construire contre la façade, en 1940, afin de ménager un petit hall qui facilite l'accès à l'escalier du haut.

 
 

        

 

 

1946. Devant la prestigieuse cheminée de marbre blanc du salon, ma mère ne sourit pas. Aucun souci d'élégance dans sa mise. Elle n'a pas encore fait son deuil de la disparition de son mari. Les difficultés financières l’inquiètent. Comment va-t-elle assurer "mon avenir", celui qu’elle souhaitait secrètement ? L’année suivante, elle reprendra confiance. Sans savoir que la disparition de mon père et mes études secondaires en internat vont me conduire aux « travaux forcés » -  mes études en internat et leurs conséquences.

 
 

             

 

La meilleure photo de la page a été prise dans un photomaton, à Bruxelles, avec ma marraine. On  reconnaît aisément mon col de chemise ! On peut même affirmer que cette photo est postérieure à toutes celles de ma communion. Le noeud de cravate et l'épingle avec un brillant l'attestent. Ma marraine m'a sûrement conseillé pour la pose. En tout cas, j'ai l'air moins niais que d'habitude.

 

 

Avec mon Zeiss, j'allais devenir le photographe officiel de la famille!

 

 

          

 

1947 ?  Le mariage de ma marraine.  Je venais de recevoir le Zeiss-Ikon d'occasion que ma mère avait acheté à Marius Jude, photographe à Jemappes. C'était un appareil à soufflet, déjà fatigué et usagé. Le viseur est rudimentaire, la mise au point, approximative.

Aussi quel cadrage! Derrière le mur délabré de la propriété apparaît le toit misérable d'une maison boraine. Toutefois, la joie règne ce jour-là, sauf pour Irène, la fille aînée du nouveau marié. C'est elle qui porte un chapeau en feutre à larges bords au premier rang. Elle n'est déjà plus chez elle dans la maison où elle a vécu depuis l'enfance.

 

Le dimanche, quand il fait beau, dans le verger, il arrive que le nouveau ménage soit heureux.

 

                     

 

 

Lolita. Ce n'est pas ma cousine, mais une petite Espagnole que mon oncle avait recueillie pendant la guerre d'Espagne. Elle est revenue pour les vacances dans la maison dont elle fut l'enfant sage jusqu'en 1940.

 

 

Toutefois, c'est encore durant les vacances que je passais à la mer, dans les années 46 à 48 , que j'ai conservé les meilleurs souvenirs de mon adolescence.

 

             

   

 

Près du Lys Rouge, en 1946. Je porte un veston. Est-ce pour mon douzième anniversaire ? En tout cas, ce sont les vacances qui ont précédé mon entrée à l'internat. La montre que j'ai au poignet m'a été offerte par ma marraine pour ma communion. Elle me sera volée quelques mois plus tard dans le vestiaire de la salle de gymnastique.

Craignant la colère de ma marraine encore plus que celle des surveillants qui m'auraient accusé de négligence, je ne l'ai pas signalé. Je n'en éprouvais aucun sentiment d'injustice. J'étais coupable. J'aurais dû faire plus attention. Ce n'était pas la faute de ceux qui avaient décidé de me mettre en internat. J'étais éloigné de ma mère à cause de ma paresse, mais je continuais de vivre dans l'insouciance.

Sur la photo, mes cheveux décoiffés, un sourire insouciant et naïf, des genoux excessivement grossis par l'objectif montrent que je suis encore un enfant du Borinage, élevé au petit bonheur, vivant au jour le jour, sans projet d'avenir, et à qui on aurait pu éviter de devenir un intellectuel malgré lui.

Ce qui ne se voit pas, c'est que je vivais déjà dans l'anxiété, l'hypocondrie - craignant surtout l'appendicite. La disparition de mon père m'avait déjà rendu timide  -  interdit de relations amoureuses.

 

                             

      

 

 

 L'année suivante, les cheveux toujours négligés, j'ai l'air d'avoir plus de maturité. Les brimades subies au pensionnat, mon échec en mathématiques, la perspective de recommencer ma sixième, le billet scandaleux qui avait failli me coûter le renvoi de l'école, tout cela est oublié dans la liberté retrouvée des grandes vacances. On dirait même que j'ai grandi et minci. L'attitude générale est celle d'un adolescent appliqué à garder son équilibre sur des patins à roulettes. Ce jeu sportif m'était permis parce que les pistes cyclables et les trottoirs carrelés avec soin de la petite station balnéaire de Coxyde s'y prêtaient. La piste de skating parfaitement plane, je n'y suis allé qu'une seule fois, parce que c'était un luxe. Ma mère avait cessé de travailler. Au Lys Rouge, elle n'était rémunérée que deux mois par an. Nous étions pauvres.

Malgré les vicissitudes de l'après-guerre, le littoral belge, étroit cordon de dunes que les villas n'avaient pas encore envahies, et la plage où mes parents allaient déjà en vacances avant la guerre sont devenus dans mes souvenirs le pays où j'ai été le plus heureux. C'est là que je peux encore retrouver quelques instants de joie quand j'y retourne.  

Les journées chaleureuses que j'y passais avec des enfants de mon âge, dans la proximité de ma mère, m'ont procuré les meilleurs souvenirs des années d'après guerre.

Je n'ai pas photographié les enfants de la colonie à la plage et dans les dunes d'où l'on rentrait assoiffé par les jours de grandes chaleurs. Ni les concours organisés par les monitrices quand il pleuvait. Ni les après-midis de lectures solitaires dans la chambre que je partageais avec ma mère. Ce sont des souvenirs que nul photographe ne pouvait surprendre sans en trahir ce qu'il y avait de naturel, d'improvisé, d'imprévu.

 

 

                

 

 

Un an plus tard, je pilote l'une de ces motorettes pliantes qui équipaient les  parachutistes allemands depuis le début de la guerre !  L'origine de ce véhicule était inconnue des utilisateurs. On disait même, pour des raisons commerciales évidentes, qu'ils provenaient des surplus de l'armée américaine. Dépourvus de boîte de vitesse, ils atteignaient malgré tout le quarante à l'heure.

 

 

 

 

Sur la nouvelle Sarolea 500 cm3 de mon parrain j'étais prêt à démarrer sans éprouver la moindre inquiétude: la clé de contact avait été prudemment retirée avant que je ne m'y installe pour la pose. La confiance régnait dans la famille.

 

 

 

 

A la fin des vacances, lorsque les enfants des mutualités étaient rentrés dans leurs foyers, un groupe d'élèves des écoles techniques féminines du Hainaut venaient faire un séjour au Lys Rouge. Elles n'étaient pas surveillées par des monitrices et pouvaient aller librement où elles voulaient. C'étaient de bonnes camarades.

J'accompagnais surtout Colette et Régine dans leurs promenades. Elles étaient amies et ne se quittaient jamais. C'est sans doute Régine qui prend la photo puisque Colette y figure.

Je suis encore assez proche de ma mère pour poser ma main sur son épaule, affectueusement, alors qu'un scandale avait éclaté au pensionnat qui devait déjà avoir ébranlé ma vie affective. A la mer, pendant les vacances, je n'y pense pas. Mais je ne suis amoureux d'aucune de ces demoiselles.

 

        

        

 

J'étais resté un enfant studieux, fier de ses connaissances acquises au cours de latin.

 

Les vacances sont ponctuées par des  fêtes et des excursions vers le Nord (Hollande) et le Sud (Pas de Calais).

 

 

A Furnes, le jour de la procession des Pénitents, je suis chaperonné par les deux monitrices les plus austères de la colonie. Ce jour-là, il ne m'est pas venu à l'esprit que les autres devaient avoir des activités plus joyeuses dont elles n'auraient pas à se repentir.

 

 

 

La procession des "pénitents. Des scènes religieuses représentées par des personnages à pied ou sur des chars, comme dans la plupart des processions, forment un cortège ponctué de pénitents qui portent une lourde croix sur tout le trajet pour expier les péchés qu'ils ont confessés. C'est du moins ce qu'on m'a dit.

 

 

Le bac de Flessinghe, à l'embouchure de l'Escaut. Au départ de Sluis - sur la photo - il est possible de traverser le fleuve en une dizaine de minutes.

Après la guerre, c'était une excursion prisée des vacanciers que d'aller voir les ruines de l'île de Walcheren et de sa ville principale, Middelbourg 

 

 

Aurais-je photographié cette paysanne hollandaise en habits traditionnels - coiffe brodée selon la coutume de l'endroit, etc. ..- si notre professeur de néerlandais ne nous avait pas vanté sa propre collection de costumes folkloriques des Pays-Bas ? A l'époque, la sémiologie était encore à inventer. Pour que je comprenne tout ce que des siècles de vie quotidienne avaient déposé de particularismes dans les moindres détails des coiffes brodées, dans le choix des tissus, etc. .., il aurait fallu que je sois aussi familier de cette petite ville hollandaise que de mon Borinage natal.

 

 

A l'autre extrémité du littoral, au sud- ouest, il ne fallait pas aller très loin pour visiter d'autres ruines: celles du port de Dunkerque. Du haut du phare, on ne distinguait que les perspectives les plus vastes.

 

              

       

          L'estacade           

 

 

 

 

   

 

                 Au Lys Rouge aussi, je suis parfois pressenti pour jouer les photographes.

 

 

Une leçon de gymnastique pour les enfants de la colonie de vacances

 

Le personnel de la cuisine. Emilie Dupont, la directrice, ainsi que ma mère se sont jointes au groupe.

 

Un ou deux groupes d'enfants encadrés par des monitrices. La directrice et ma mère sont encore présentes. Est-ce le même

 

C'est le dernier séjour que fait ma mère au Lys Rouge en tant qu'infirmière de la colonie dans les années Quarante. Après l'été, elle retrouvera un travail à plein temps au Centre Médical Scolaire de Pâturages.

 

 

Ses nouvelles fonctions ne vont pas durer plus d'un an. Monsieur Nazé, bourgmestre de Pâturages et directeur du Centre Scolaire a également fondé, à Morlanwelz, près de La Louvière, un Centre Médico-Technique, où l'on soigne des anciens mineurs atteints de silicose. En 1950, ma mère acceptera d'y travailler comme interne puisque, depuis 1946, je suis pensionnaire à Chimay où je poursuis tant bien que mal mes études secondaires. Je rentrais chez moi, dans le Borinage, un week-end sur deux. A partir de 1950, je devrai me contenter d'une chambre à Morlanwelz, même pour les vacances. J'y suis domicilié .

 

 

Depuis que ma marraine est mariée, sa mère, atteinte de la maladie de Parkinson, est soignée par sa fille aînée, ma tante Jeanne, mère de mon cousin Jean. Ils habitent dans la maison familiale, au N°29 de la rue Neuve, à Wasmuël, là où je suis né. Ma marraine l'a rachetée à sa mère pour une bouchée de pain.

 

 

 

1949. Sur le banc, dans la cour de la maison de la rue Neuve (remise à neuf depuis qu'elle a été sinistrée par les bombardements de Saint-Ghislain). Ma grand-mère maternelle ne peut plus se tenir droite. Mon cousin maintient difficilement Miko, le Pékinois affreux et méchant qui avait été offert à ma marraine. Il est chargé de s'en occuper.

Incapable de contrôler ses mouvements, ma grand-mère reste couchée la plupart du temps. Elle mourra quelques mois plus tard, à la veille de la Noël.

Sa foi chrétienne lui procure la force morale de supporter calmement ses souffrances. Elle avait respecté les coutumes et les vertus chrétiennes dans sa vie : prières, voyage à Lourdes, pain sans levain du vendredi Saint, etc... Le curé la considère comme une sainte. Il l'a promue soeur de la congrégation de la vierge ou du Saint-Esprit , une confrérie laïque.

 

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